L'oubli de soi
Un convoi militaire tracté par des chocobos filait à vive allure à travers la plaine sauvage. À son bord, l'ambiance était particulièrement tendue.
D'un côté d'une des charrettes étaient alignés les membres de la brigade spéciale anti-Primordiaux nouvellement formée au sein des Immortels ; de l'autre, un groupe disparate de combattants envoyés en renfort par des organisations alliées. L'un d'eux, un certain Arenvald Lentinus, prit la parole dans l'espoir de détendre l'atmosphère :
« Ahem... J'ai cru comprendre que vous aviez l'habitude d'affronter des Primordiaux, c'est vrai ? »
Le mage lalafell assis en face de lui garda le silence, se contentant de hausser les épaules. Un peu gênée, la voisine de ce dernier – une magicienne hyuroise – se dévoua pour répondre :
« ... Oui, nous avons une certaine expérience dans le domaine. Crispin et moi, on a déjà battu Ifrit quatre fois. », dit-elle en pointant du doigt un jeune homme hyurois assis un peu plus loin. « Mais de nous tous, c'est le sous-lieutenant Jajasamu qui a le plus de métier. Il a aussi affronté Titan, à l'époque où il faisait partie de la Fratrie des gabiers. »
Ce fameux sous-lieutenant n'était autre que le mage lalafell taciturne, qui depuis tout à l'heure fusillait Arenvald du regard. Peut-être dédaignait-il les jeunes qui n'avaient pas encore fait leurs preuves, du haut de sa riche expérience ? « C'est quand même ballot de faire la tête alors qu'on est partis pour combattre ensemble... », pensa le guerrier à la cicatrice avec une pointe de dépit.
« En d'autres termes, vous êtes tous des vétérans. Voilà qui est rassurant. Ne vous en faites pas, je ferai de mon mieux pour ne pas vous ralentir. »
Histoire de briser la glace plus aisément, Arenvald se rabaissait délibérément au rang de débutant, un effort louable, qui lui valut hélas de se faire rabrouer sèchement.
« Tss. Si la bleusaille ne veut pas nous gêner, qu'elle reste en arrière et se contente d'observer sagement ! »
Le sous-lieutenant était enfin sorti de son mutisme... pour mieux couper court à tout espoir de conversation. Arenvald laissa tomber ses épaules de résignation, puis jeta un œil anxieux à la femme assise à ses côtés, qu'on venait de traiter de vulgaire « bleusaille ». Il redoutait en effet qu'elle prenne la mouche et décide de s'en mêler, auquel cas la situation tournerait à coup sûr au vinaigre.
Fausse alerte. Fordola Lupus avait les paupières closes, et faisait mine de n'avoir rien entendu. Il n'y avait pas lieu de s'inquiéter : après tout, ignorer les querelles des autres était une seconde nature chez elle.
Sa tentative de sympathiser avant l'épreuve ayant échoué en beauté, Arenvald décida qu'il lui valait mieux économiser ses forces et sa salive durant le reste du trajet. Laissant son esprit vagabonder, il se mit à retracer le fil des événements qui l'avaient conduit à participer à cette curieuse expédition.
D'un côté d'une des charrettes étaient alignés les membres de la brigade spéciale anti-Primordiaux nouvellement formée au sein des Immortels ; de l'autre, un groupe disparate de combattants envoyés en renfort par des organisations alliées. L'un d'eux, un certain Arenvald Lentinus, prit la parole dans l'espoir de détendre l'atmosphère :
« Ahem... J'ai cru comprendre que vous aviez l'habitude d'affronter des Primordiaux, c'est vrai ? »
Le mage lalafell assis en face de lui garda le silence, se contentant de hausser les épaules. Un peu gênée, la voisine de ce dernier – une magicienne hyuroise – se dévoua pour répondre :
« ... Oui, nous avons une certaine expérience dans le domaine. Crispin et moi, on a déjà battu Ifrit quatre fois. », dit-elle en pointant du doigt un jeune homme hyurois assis un peu plus loin. « Mais de nous tous, c'est le sous-lieutenant Jajasamu qui a le plus de métier. Il a aussi affronté Titan, à l'époque où il faisait partie de la Fratrie des gabiers. »
Ce fameux sous-lieutenant n'était autre que le mage lalafell taciturne, qui depuis tout à l'heure fusillait Arenvald du regard. Peut-être dédaignait-il les jeunes qui n'avaient pas encore fait leurs preuves, du haut de sa riche expérience ? « C'est quand même ballot de faire la tête alors qu'on est partis pour combattre ensemble... », pensa le guerrier à la cicatrice avec une pointe de dépit.
« En d'autres termes, vous êtes tous des vétérans. Voilà qui est rassurant. Ne vous en faites pas, je ferai de mon mieux pour ne pas vous ralentir. »
Histoire de briser la glace plus aisément, Arenvald se rabaissait délibérément au rang de débutant, un effort louable, qui lui valut hélas de se faire rabrouer sèchement.
« Tss. Si la bleusaille ne veut pas nous gêner, qu'elle reste en arrière et se contente d'observer sagement ! »
Le sous-lieutenant était enfin sorti de son mutisme... pour mieux couper court à tout espoir de conversation. Arenvald laissa tomber ses épaules de résignation, puis jeta un œil anxieux à la femme assise à ses côtés, qu'on venait de traiter de vulgaire « bleusaille ». Il redoutait en effet qu'elle prenne la mouche et décide de s'en mêler, auquel cas la situation tournerait à coup sûr au vinaigre.
Fausse alerte. Fordola Lupus avait les paupières closes, et faisait mine de n'avoir rien entendu. Il n'y avait pas lieu de s'inquiéter : après tout, ignorer les querelles des autres était une seconde nature chez elle.
Sa tentative de sympathiser avant l'épreuve ayant échoué en beauté, Arenvald décida qu'il lui valait mieux économiser ses forces et sa salive durant le reste du trajet. Laissant son esprit vagabonder, il se mit à retracer le fil des événements qui l'avaient conduit à participer à cette curieuse expédition.
Héritier de la Septième Aube, il s'était joint à l'Alliance éorzéenne pour reprendre Ala Mhigo, sa patrie d'origine, à l'oppresseur garlemaldais. Fordola et lui s'étaient croisés pour la première fois sur le champ de bataille en tant qu'ennemis ; deux jeunes gens du même âge, nés dans le même pays, mais aux destins radicalement différents.
Lui avait été haï puis abandonné par sa mère étant enfant à cause du sang garlemaldais coulant dans ses veines. Devenu vagabond, il avait quitté sa terre natale pour finalement devenir aventurier. Elle était une Mhigoise de souche jouissant de la citoyenneté garlemaldaise. Fruit de l'éducation impériale, elle avait renié sa mère pour s'enrôler dans l'armée qui opprimait son pays. Tous deux avaient fait les choix qu'ils estimaient justes, et ces choix les avaient menés dans des directions diamétralement opposées.
Au sortir de la guerre, le peuple mhigois avait érigé l'un au rang de héros libérateur en reconnaissance de ses prouesses au sein des Héritiers, tandis qu'il avait accolé à l'autre l'étiquette peu reluisante de traîtresse de la nation, allant même jusqu'à réclamer la condamnation à mort de cette prisonnière trop encombrante. Rien ne laissait présager que ces deux-là combattraient un jour sous une même bannière, et pourtant...
Les fils de leur destin finirent par se rejoindre lors de la réunion de consultation qui eut lieu peu après la libération d'Ala Mhigo. Ce jour-là, Arenvald et Fordola durent pour la première fois s'allier pour mettre à terre la Primordiale Lakshmi, invoquée par surprise par des Qalyanas fanatiques déterminées à subjuguer l'assemblée.
« Je n'ai plus rien à faire ici. Je retourne dans ma cellule. »
Répondant contre toute attente à la demande de Lyse Hext, Fordola avait pris les armes et défendu les représentants gyrabaniens contre la menace des femmes-serpents. Toutefois, elle restait prisonnière : sa mission accomplie, elle regagna donc sagement sa geôle.
Du reste, son sort fut fixé durant la réunion de consultation au terme de débats houleux. C'est finalement Raubahn Aldynn, fraîchement nommé chef des armées de l'Alliance, qui statua en faveur de la création d'une unité disciplinaire pour les détenus comme elle.
La confrontation contre Lakshmi avait prouvé une chose : que le pouvoir de Résonnante de Fordola, bien qu'artificiellement acquis, lui permettait effectivement de résister à l'aura des Primordiaux. Qu'elle ne puisse être subjuguée – le principal danger pour quiconque affronte ces êtres surnaturels – était un avantage non négligeable qui faisait d'elle un atout précieux.
C'est ainsi que la jeune femme fut convaincue de mettre ses talents au service de sa patrie. L'accord prévoyait qu'elle continue de purger sa peine tout en étant autorisée à suivre un entraînement militaire, mais aussi qu'elle soit envoyée de force en première ligne si jamais un Primordial devait être combattu, comme c'était le cas présentement.
Lui avait été haï puis abandonné par sa mère étant enfant à cause du sang garlemaldais coulant dans ses veines. Devenu vagabond, il avait quitté sa terre natale pour finalement devenir aventurier. Elle était une Mhigoise de souche jouissant de la citoyenneté garlemaldaise. Fruit de l'éducation impériale, elle avait renié sa mère pour s'enrôler dans l'armée qui opprimait son pays. Tous deux avaient fait les choix qu'ils estimaient justes, et ces choix les avaient menés dans des directions diamétralement opposées.
Au sortir de la guerre, le peuple mhigois avait érigé l'un au rang de héros libérateur en reconnaissance de ses prouesses au sein des Héritiers, tandis qu'il avait accolé à l'autre l'étiquette peu reluisante de traîtresse de la nation, allant même jusqu'à réclamer la condamnation à mort de cette prisonnière trop encombrante. Rien ne laissait présager que ces deux-là combattraient un jour sous une même bannière, et pourtant...
Les fils de leur destin finirent par se rejoindre lors de la réunion de consultation qui eut lieu peu après la libération d'Ala Mhigo. Ce jour-là, Arenvald et Fordola durent pour la première fois s'allier pour mettre à terre la Primordiale Lakshmi, invoquée par surprise par des Qalyanas fanatiques déterminées à subjuguer l'assemblée.
« Je n'ai plus rien à faire ici. Je retourne dans ma cellule. »
Répondant contre toute attente à la demande de Lyse Hext, Fordola avait pris les armes et défendu les représentants gyrabaniens contre la menace des femmes-serpents. Toutefois, elle restait prisonnière : sa mission accomplie, elle regagna donc sagement sa geôle.
Du reste, son sort fut fixé durant la réunion de consultation au terme de débats houleux. C'est finalement Raubahn Aldynn, fraîchement nommé chef des armées de l'Alliance, qui statua en faveur de la création d'une unité disciplinaire pour les détenus comme elle.
La confrontation contre Lakshmi avait prouvé une chose : que le pouvoir de Résonnante de Fordola, bien qu'artificiellement acquis, lui permettait effectivement de résister à l'aura des Primordiaux. Qu'elle ne puisse être subjuguée – le principal danger pour quiconque affronte ces êtres surnaturels – était un avantage non négligeable qui faisait d'elle un atout précieux.
C'est ainsi que la jeune femme fut convaincue de mettre ses talents au service de sa patrie. L'accord prévoyait qu'elle continue de purger sa peine tout en étant autorisée à suivre un entraînement militaire, mais aussi qu'elle soit envoyée de force en première ligne si jamais un Primordial devait être combattu, comme c'était le cas présentement.
« Terminus ! Tout le monde descend ! »
La voix tonitruante du capitaine Dancing Wolf, l'officier des Immortels qui commandait l'expédition, rappela Arenvald à la réalité. Ce dernier s'empressa de descendre de la charrette et de se mettre en rang avec le reste des soldats.
« Bien, je vais vous expliquer une dernière fois en quoi consiste l'opération d'aujourd'hui pour que tout le monde soit au clair sur ce qui nous attend. Comme vous le savez, les Héritiers de la Septième Aube nous ont alertés hier d'un cas d'urgence dans le Thanalan méridional : Coultenet, l'un des leurs, aurait détecté un pic d'énergie éthérée anormal autour de l'autel de Zanr'ak. Les chances qu'il s'agisse d'une invocation de Primordial sont d'après lui très élevées. »
Tout en passant ses troupes en revue, le capitaine roegadyn continua d'exposer la situation.
« Par chance, nous pouvons aujourd'hui compter sur l'aide de deux éléments particulièrement talentueux. »
Tout le monde se tourna aussitôt vers Arenvald et Fordola.
« Je vous présente Arenvald des Héritiers de la Septième Aube et Fordola de l'armée de libération d'Ala Mhigo. Tous deux possèdent des aptitudes spéciales qui les rendent insensibles à l'éther néfaste des Primordiaux. Pour ce qui est de Fordola, je ne reviendrai pas ici sur les circonstances particulières qui entourent sa participation à cette mission. »
Cette dernière phrase fit tiquer plusieurs soldats dans le rang, ce à quoi Fordola réagit par un rictus désabusé.
« Du calme. Quand bien même je voudrais vous fausser compagnie, j'en serais incapable. Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, j'ai la corde au cou. »
La voix tonitruante du capitaine Dancing Wolf, l'officier des Immortels qui commandait l'expédition, rappela Arenvald à la réalité. Ce dernier s'empressa de descendre de la charrette et de se mettre en rang avec le reste des soldats.
« Bien, je vais vous expliquer une dernière fois en quoi consiste l'opération d'aujourd'hui pour que tout le monde soit au clair sur ce qui nous attend. Comme vous le savez, les Héritiers de la Septième Aube nous ont alertés hier d'un cas d'urgence dans le Thanalan méridional : Coultenet, l'un des leurs, aurait détecté un pic d'énergie éthérée anormal autour de l'autel de Zanr'ak. Les chances qu'il s'agisse d'une invocation de Primordial sont d'après lui très élevées. »
Tout en passant ses troupes en revue, le capitaine roegadyn continua d'exposer la situation.
« Par chance, nous pouvons aujourd'hui compter sur l'aide de deux éléments particulièrement talentueux. »
Tout le monde se tourna aussitôt vers Arenvald et Fordola.
« Je vous présente Arenvald des Héritiers de la Septième Aube et Fordola de l'armée de libération d'Ala Mhigo. Tous deux possèdent des aptitudes spéciales qui les rendent insensibles à l'éther néfaste des Primordiaux. Pour ce qui est de Fordola, je ne reviendrai pas ici sur les circonstances particulières qui entourent sa participation à cette mission. »
Cette dernière phrase fit tiquer plusieurs soldats dans le rang, ce à quoi Fordola réagit par un rictus désabusé.
« Du calme. Quand bien même je voudrais vous fausser compagnie, j'en serais incapable. Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, j'ai la corde au cou. »

Elle pointa du doigt le collier cuivré qu'elle portait autour du cou, un accessoire d'apparence anodine, mais lourd d'implications puisqu'il s'agissait en réalité d'un appareil magique de contention : à la moindre insubordination, l'occultiste de l'armée de libération qui la suivait en permanence pouvait actionner le dispositif, et déclencher un sort de paralysie qui, s'il devait se prolonger, lui serait fatal. Elle devait obéir aux ordres, ou elle risquait de mourir d'une asphyxie lente et douloureuse... Autant dire que la comparaison avec une corde de pendu était plutôt bien à propos.
« Ahem... Quoi qu'il en soit, le mot d'ordre est de laisser Arenvald et Fordola mener l'offensive durant cette opération. La brigade se contentera d'attaquer la cible à distance, en s'appuyant sur la magie et les familiers. Enfin, je resterai aux côtés des quelques soldats de l'armée de libération qui nous suivent afin de les protéger, tout en essayant de faire diversion. Des questions ? »
Et c'est ainsi que le coup d'envoi de l'opération fut donné. Parties de l'Oasis oubliée, les troupes firent route vers l'est en traversant le désert de Sagolii. De là, l'équipe de diversion menée par le capitaine Dancing Wolf prit d'assaut un camp amalj'aa situé au nord-est, tandis que la brigade anti-Primordiaux contourna cette position pour remonter vers le nord et atteindre sa destination : l'autel de Zanr'ak.
Sitôt sur les lieux, Arenvald ouvrit le bal en envoyant au tapis plusieurs sentinelles amalj'aa, puis il se retourna quelques instants pour s'assurer que ses camarades étaient tous sains et saufs. Fordola avait emboîté le pas, suivie par les trois mages de la brigade anti-Primordiaux et d'une poignée de soigneurs qui avançaient en formation serrée.
Leur cible les attendait quelques yalms plus loin. Son énorme gueule parcourue de crocs acérés vomissait des gerbes incandescentes. Aucun doute : il s'agissait bel et bien du Primordial Ifrit.
« Ahem... Quoi qu'il en soit, le mot d'ordre est de laisser Arenvald et Fordola mener l'offensive durant cette opération. La brigade se contentera d'attaquer la cible à distance, en s'appuyant sur la magie et les familiers. Enfin, je resterai aux côtés des quelques soldats de l'armée de libération qui nous suivent afin de les protéger, tout en essayant de faire diversion. Des questions ? »
Et c'est ainsi que le coup d'envoi de l'opération fut donné. Parties de l'Oasis oubliée, les troupes firent route vers l'est en traversant le désert de Sagolii. De là, l'équipe de diversion menée par le capitaine Dancing Wolf prit d'assaut un camp amalj'aa situé au nord-est, tandis que la brigade anti-Primordiaux contourna cette position pour remonter vers le nord et atteindre sa destination : l'autel de Zanr'ak.
Sitôt sur les lieux, Arenvald ouvrit le bal en envoyant au tapis plusieurs sentinelles amalj'aa, puis il se retourna quelques instants pour s'assurer que ses camarades étaient tous sains et saufs. Fordola avait emboîté le pas, suivie par les trois mages de la brigade anti-Primordiaux et d'une poignée de soigneurs qui avançaient en formation serrée.
Leur cible les attendait quelques yalms plus loin. Son énorme gueule parcourue de crocs acérés vomissait des gerbes incandescentes. Aucun doute : il s'agissait bel et bien du Primordial Ifrit.

Inutile de ménager le suspense puisqu'il n'y en eut pas : face à nos héros, le Seigneur des flammes ne fit pour ainsi dire pas long feu. Après tout, son invocation avait été réalisée avec une poignée de cristaux seulement, et à la différence de la réunion de consultation, il n'y avait cette fois nul civil à protéger. Quant aux membres de la brigade anti-Primordiaux, ils connaissaient parfaitement leur métier. En somme, toutes les conditions étaient réunies pour une victoire nette et sans bavure.
« Rassemblement ! Mission accomplie, on rentre au bercail ! »
Arenvald, Fordola et tous les autres se regroupèrent et marchèrent vers le sud pour rejoindre le capitaine Dancing Wolf. Alors qu'ils étaient sur le point de quitter l'autel de Zanr'ak, un râle étouffé se fit brusquement entendre, et un soldat tomba à terre. Dans son dos était plantée une longue flèche s'achevant par une pointe de fer, le projectile fétiche des Amalj'aa.
« Ça venait de l'ouest ! Tout le monde derrière les rochers, vite ! »
Quelques secondes plus tard, une volée d'innombrables flèches lacéra le ciel avant de s'abattre en pluie sur le groupe. Par réflexe, Arenvald avait levé son bouclier au-dessus de sa tête. Acculé à une posture défensive, il progressait tant bien que mal à reculons tout en protégeant autant que possible les mages de la brigade anti-Primordiaux, vulnérables face aux traits acérés.
Tout le monde battait en retraite. Tout le monde, ou presque : Fordola, elle, avait tourné le dos à ses camarades, et courait à présent droit devant elle, parant avec son épée les flèches sur le point de l'atteindre.
« Ah, la bleue tente de s'enfuir ! »
Arenvald crut d'abord à un jugement hâtif du sous-lieutenant Jajasamu. Toutefois, il faillit se raviser lorsqu'il remarqua que le malheureux soldat initialement touché n'était autre que l'occultiste chargé par l'armée de libération de tenir Fordola en respect. À présent qu'il gisait à terre, le couperet au-dessus de la tête de la prisonnière avait disparu.
Par chance, la suite donna tort au sous-lieutenant. Certes, Fordola avait toute latitude pour s'enfuir, mais elle n'en fit rien. Au lieu de cela, elle se précipita au secours du blessé, et lui prêta son épaule pour l'aider à se relever.
Voyant cela, Arenvald ne fit ni une ni deux et se lança à son tour dans une course effrénée en direction du haut plateau où étaient embusqués les archers. Nul plan élaboré ici : sa seule intention était de foncer tête baissée sur l'ennemi afin de faire diversion.
Son impétuosité aveugle eut au moins le mérite d'intimider les Amalj'aa, dont les tirs devenaient plus hâtés et imprécis à mesure que le guerrier gagnait du terrain. De fait, beaucoup de leurs flèches manquèrent leur cible – beaucoup, mais pas toutes.
Arenvald en bloqua une première à l'aide de son bouclier, avant de briser les suivantes par des coups d'épée bien placés. Celles qui passaient outre sa garde finissaient leur course dans son armure argentée, sans toutefois parvenir ne serait-ce qu'à la rayer. Rien ne semblait pouvoir freiner la charge folle du guerrier, qui se retrouva bientôt nez à nez avec un archer amalj'aa masqué. Bien décidé à faire mouche, ce dernier banda son arc d'un geste assuré, et décocha une flèche qui fusa à toute vitesse.
« Gouoooooooooooh !!! »
Dans un ultime cri de désespoir, Arenvald se jeta sur son adversaire et le frappa de toutes ses forces. Le tireur masqué s'était protégé avec son arc, mais le coup d'épée fut si puissant qu'il le rompit en deux telle une vulgaire brindille. La lame poursuivit alors sa course et vint entailler profondément le torse musculeux de l'homme-bête, qui s'effondra au sol, raide mort. Les soldats amalj'aa restants, qui venaient sans doute de perdre là leur chef, furent alors rapidement mis en déroute.
« Pfff, voilà pourquoi je hais la bleusaille... Toujours à prendre des risques inconsidérés. »
Tout en continuant de maugréer, le sous-lieutenant Jajasamu rappela à lui son familier, une créature s'apparentant à un gros rocher, dans lequel était profondément plantée une flèche – la dernière qu'avait tirée l'archer masqué.
Un convoi militaire tracté par des chocobos filait à vive allure à travers la plaine sauvage. À son bord, l'ambiance était particulièrement joyeuse.
Le geôlier de Fordola, qui venait d'échapper de justesse à la mort, s'enquit des raisons qui avaient poussé sa captive à lui porter secours au péril de sa propre vie. La réponse de cette dernière, la seule parole qu'elle daigna échanger de tout le trajet, fut concise et immédiate : « Je l'ai fait pour ta petite fille qui t'attend à la maison ». Cette explication laissa l'occultiste pantois, et pour cause : à aucun moment, il n'avait mentionné à la prisonnière l'existence de sa fille.
Arenvald, lui, ne s'en étonna point car il avait compris – compris que pour une fois, la jeune guerrière avait mis son pouvoir, celui-là même qui permet de voir le passé des autres, au service d'une cause juste.
« Rassemblement ! Mission accomplie, on rentre au bercail ! »
Arenvald, Fordola et tous les autres se regroupèrent et marchèrent vers le sud pour rejoindre le capitaine Dancing Wolf. Alors qu'ils étaient sur le point de quitter l'autel de Zanr'ak, un râle étouffé se fit brusquement entendre, et un soldat tomba à terre. Dans son dos était plantée une longue flèche s'achevant par une pointe de fer, le projectile fétiche des Amalj'aa.
« Ça venait de l'ouest ! Tout le monde derrière les rochers, vite ! »
Quelques secondes plus tard, une volée d'innombrables flèches lacéra le ciel avant de s'abattre en pluie sur le groupe. Par réflexe, Arenvald avait levé son bouclier au-dessus de sa tête. Acculé à une posture défensive, il progressait tant bien que mal à reculons tout en protégeant autant que possible les mages de la brigade anti-Primordiaux, vulnérables face aux traits acérés.
Tout le monde battait en retraite. Tout le monde, ou presque : Fordola, elle, avait tourné le dos à ses camarades, et courait à présent droit devant elle, parant avec son épée les flèches sur le point de l'atteindre.
« Ah, la bleue tente de s'enfuir ! »
Arenvald crut d'abord à un jugement hâtif du sous-lieutenant Jajasamu. Toutefois, il faillit se raviser lorsqu'il remarqua que le malheureux soldat initialement touché n'était autre que l'occultiste chargé par l'armée de libération de tenir Fordola en respect. À présent qu'il gisait à terre, le couperet au-dessus de la tête de la prisonnière avait disparu.
Par chance, la suite donna tort au sous-lieutenant. Certes, Fordola avait toute latitude pour s'enfuir, mais elle n'en fit rien. Au lieu de cela, elle se précipita au secours du blessé, et lui prêta son épaule pour l'aider à se relever.
Voyant cela, Arenvald ne fit ni une ni deux et se lança à son tour dans une course effrénée en direction du haut plateau où étaient embusqués les archers. Nul plan élaboré ici : sa seule intention était de foncer tête baissée sur l'ennemi afin de faire diversion.
Son impétuosité aveugle eut au moins le mérite d'intimider les Amalj'aa, dont les tirs devenaient plus hâtés et imprécis à mesure que le guerrier gagnait du terrain. De fait, beaucoup de leurs flèches manquèrent leur cible – beaucoup, mais pas toutes.
Arenvald en bloqua une première à l'aide de son bouclier, avant de briser les suivantes par des coups d'épée bien placés. Celles qui passaient outre sa garde finissaient leur course dans son armure argentée, sans toutefois parvenir ne serait-ce qu'à la rayer. Rien ne semblait pouvoir freiner la charge folle du guerrier, qui se retrouva bientôt nez à nez avec un archer amalj'aa masqué. Bien décidé à faire mouche, ce dernier banda son arc d'un geste assuré, et décocha une flèche qui fusa à toute vitesse.
« Gouoooooooooooh !!! »
Dans un ultime cri de désespoir, Arenvald se jeta sur son adversaire et le frappa de toutes ses forces. Le tireur masqué s'était protégé avec son arc, mais le coup d'épée fut si puissant qu'il le rompit en deux telle une vulgaire brindille. La lame poursuivit alors sa course et vint entailler profondément le torse musculeux de l'homme-bête, qui s'effondra au sol, raide mort. Les soldats amalj'aa restants, qui venaient sans doute de perdre là leur chef, furent alors rapidement mis en déroute.
« Pfff, voilà pourquoi je hais la bleusaille... Toujours à prendre des risques inconsidérés. »
Tout en continuant de maugréer, le sous-lieutenant Jajasamu rappela à lui son familier, une créature s'apparentant à un gros rocher, dans lequel était profondément plantée une flèche – la dernière qu'avait tirée l'archer masqué.
Un convoi militaire tracté par des chocobos filait à vive allure à travers la plaine sauvage. À son bord, l'ambiance était particulièrement joyeuse.
Le geôlier de Fordola, qui venait d'échapper de justesse à la mort, s'enquit des raisons qui avaient poussé sa captive à lui porter secours au péril de sa propre vie. La réponse de cette dernière, la seule parole qu'elle daigna échanger de tout le trajet, fut concise et immédiate : « Je l'ai fait pour ta petite fille qui t'attend à la maison ». Cette explication laissa l'occultiste pantois, et pour cause : à aucun moment, il n'avait mentionné à la prisonnière l'existence de sa fille.
Arenvald, lui, ne s'en étonna point car il avait compris – compris que pour une fois, la jeune guerrière avait mis son pouvoir, celui-là même qui permet de voir le passé des autres, au service d'une cause juste.