Chroniques éorzéennes

La chaleur de l'amitié


Une dense fumée blanche s'échappait des innombrables bottes de foin ruisselantes de rosée matinale qui se consumaient ardemment.
Submergé par les nuages toxiques et suffocants, un jeune homme courait à toutes jambes, porté par les ailes de l'inquiétude que lui causait le destin de ses proches.
Lorsqu'il arriva enfin devant le jardin de sa résidence, son tourment se transforma en désespoir au moment où il reconnut les cadavres calcinés de ses parents qui gisaient sur le sol. Pris de panique à l'idée que son jeune frère ait subi le même sort, il s'élança à l'intérieur de la maison. Il poussa un soupir de soulagement à la vue d'un corps étendu par terre mais qui respirait encore.
Le jeune homme se précipita auprès de son frère. Il s'était probablement évanoui à cause du manque d'air, mais ses jambes étaient coincées sous une partie du toit qui s'était effondré. La tristesse envahit le cœur du jeune homme, les larmes coulèrent le long de ses joues, et tout en caressant la chevelure blanche comme la neige de son jeune frère, il jura qu'il ne trouverait pas le repos tant que justice ne serait pas faite. Nidhogg avait eu tort d'attaquer son village et un jour, avec l'aide de Halone, il allait payer pour ses crimes.

« Eh, réveille-toi ! C'est vraiment pas le moment de dormir ! »

Perturbé par la voix autoritaire qui lui parvenait aux oreilles, Estinien ouvrit les yeux et son rêve s'estompa.

« ... Alberic ? »

La vision embrumée par un sommeil encore latent, Estinien prononça sans trop réfléchir le nom de son maître. Il comprit très rapidement qu'il faisait fausse route.

« Hein ? Sire Alberic ? Je crois qu'il y a erreur sur la personne... Tiens, bois, ça ira mieux après. »

La silhouette fourra une gourde en estomac de mouton dans la gorge d'Estinien. Après avoir complètement repris ses esprits, ce dernier aperçut un jeune homme brun agenouillé près de lui et qui le regardait d'un air inquiet. Comme lui, il devait avoir à peine plus d'une vingtaine d'années... L'armure grise qu'il portait prouvait son appartenance à l'ordre du Temple.
Son nom restait cependant un mystère. Depuis qu'Estinien avait acquis la maîtrise des techniques de maître d'hast qui lui permettaient de se mesurer aux terribles Dravaniens, il avait reçu un statut à part au sein des templiers et ne fréquentait quasiment plus ses camarades.

« M-merci... »

Estinien ne savait plus quoi dire.

« Qu'est-ce qui t'arrive ? Ne me dis pas que tu as oublié mon nom, quand même... C'est moi, Aymeric ! Et je peux te dire que si je n'avais pas été là, tu serais déjà dans les bras de Halone ! »
Estinien regarda autour de lui et en eut le souffle coupé. Sur la prairie encore fumante gisaient les cadavres roussis d'une dizaine de chevaliers. Leurs brûlures étaient atroces et leurs armures ressemblaient à du fer rouge couvert de suie. À la vue de ce carnage provoqué par un souffle draconique d'une puissance incroyable, tout devint enfin clair dans son esprit.
Lorsque les astrologues les avaient avertis d'une attaque imminente des Dravaniens dans les basses-terres, les templiers avaient été immédiatement envoyés sur les lieux. En arrivant dans les prairies vallonnées, ils avaient été surpris par un dragon gigantesque qui s'était dissimulé à l'ombre d'un rocher. Quelques instants plus tard, tout n'était plus que flammes... Estinien avait réussi à lui asséner quelques coups de lance, mais la fumée sombre et le manque d'air avaient eu raison de ses dernières forces.
Cette odeur pestilentielle... C'était la même que celle de son rêve.
L'image de ses parents et de son frère morts par le feu vint se superposer au spectacle désolant qui se trouvait devant lui, et il sentit la haine prendre possession de son cœur. Sa vengeance ne pouvait être assouvie qu'au moment où il planterait sa lance dans le corps de l'ultime représentant de la race des dragons.

« Avec une chance insolente comme la mienne, tôt ou tard, j'atteindrai mon but... quel qu'en soit le prix. »

Malgré la tête qui lui tournait encore, Estinien se leva, ramassa une lance qui traînait près d'un de ses camarades morts et essaya péniblement de mettre un pied devant l'autre.

« Mais où est-ce que tu vas ? Ishgard est de l'autre côté, je te signale ! »

D'une voix affolée, Aymeric rappela une nouvelle fois Estinien à la réalité.

« Je te remercie pour ton aide. À présent, tu peux aller faire ton rapport au Saint-Siège et me laisser m'occuper de notre ennemi.
– Et tu crois peut-être que tu vas y arriver tout seul ? Laisse-moi rire ! Tu ne sais même pas par où il est parti. S'il te repère le premier, il ne fera de toi qu'une bouchée ! »

Malgré les circonstances tragiques, Estinien se retourna et esquissa un sourire.

« Ne t'inquiète pas pour moi. Avant de perdre connaissance, je lui ai planté la moitié de ma lance dans le ventre. Tu vois ces traces de sang ? Il me suffit de les suivre pour le retrouver et l'achever. »

À ces mots, Estinien reprit sa route. Comme tous les autres, ce maudit dragon allait payer pour la mort de sa famille.

Au bout de plusieurs longues heures de marche, il faisait enfin face à sa proie. Le dragon avait pénétré dans une grotte située au fond d'une vallée afin de s'y remettre de ses blessures.

« Je suis à bout de forces... Il faut que j'en finisse au plus vite ! »

Il poussa un long soupir et se précipita lance en avant en direction du dragon. Lorsque celui-ci comprit ce qui l'attendait, il était déjà trop tard pour fuir. Estinien évita le jet de flammes qui s'ensuivit en plongeant vers la poitrine de son ennemi et leva son arme.
La pointe acérée de la lance tailla en pièces les ailes de la bête, et un cri de douleur assourdissant résonna dans la caverne.

« Tu vas avoir du mal à voler maintenant, misérable ! Surtout dans une grotte, ha ha ha ! »

Cependant, Estinien comprit rapidement que le dragon, malgré ses souffrances, n'avait aucune intention de fuir. Il contre-attaqua avec une vitesse prodigieuse et le jeune templier déjà épuisé n'eut d'autre choix que de faire appel à ses dernières ressources. Il porta un coup puissant qui entailla profondément les écailles dorsales du dragon, mais ce mouvement l'exposa aux flammes qui, dans la seconde qui suivit, déferlèrent près de lui et rendirent son armure écarlate. L'ironie du sort voulut que l'attaque d'Estinien fut précisément ce qui le sauva d'une mort certaine. D'un coup d'œil, il jaugea la distance qui le séparait des parois de la grotte et évita les attaques suivantes tant bien que mal, mais il n'avait pas prévu qu'une partie des colonnes rocheuses qui recouvraient le sol et le plafond s'effondreraient sous la pression de la chaleur. Il vit les morceaux énormes de pierre s'abattre sur lui au dernier moment.

« Non, pas ça ! »

Estinien évita de justesse de mourir broyé sous des tonnes de gravats, mais il était trop tard pour parer le coup de queue qui arrivait sur lui à toute vitesse. Il poussa un cri de désespoir et se retrouva violemment projeté contre le mur.
Il ne perdit pas conscience mais, l'espace d'un instant, sa vision se troubla. Il sentait le dragon s'approcher pas à pas et était incapable de bouger le petit doigt. La peur montait en lui.

« Non... pas maintenant... »

Au moment où il parvint enfin à se saisir à nouveau de sa lance, la brume qui recouvrait ses yeux se dissipa et il vit la silhouette imposante du dragon qui se tenait juste devant lui. Le souffle rauque et le regard plein de haine, la créature inspira profondément et Estinien pensa que sa dernière heure était arrivée.
Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il vit le dragon rabattre sa tête en arrière et souffler ses flammes destructrices dans une autre direction ! Abasourdi, il décida de ne pas se poser davantage de questions et de profiter au plus vite de l'occasion.

« Whoaaaaaarrh ! »

Il rassembla ses dernières forces, poussa un cri de guerre et fit un bond prodigieux. Inconsciemment, il imitait la technique du Dragon céleste qui l'avait secouru autrefois. Son instinct lui fit exécuter la technique à la perfection et quelques secondes plus tard, il était dans les airs, la pointe de sa lance plongeant sur son ennemi.
À l'image du Dragon céleste qu'il admirait tant, le jeune templier avait obtenu la victoire en ne faisait plus qu'un avec son arme. C'est alors qu'il aperçut qu'une flèche était plantée dans l'œil de la bête. Elle avait également subi les attaques de l'archer qui se tenait non loin de là. Estinien retomba sur le sol et se releva aussitôt.

« Alors comme ça, tu as préféré me suivre...
– Je ne suis pas égoïste au point de laisser un camarade blessé affronter un dragon tout seul.
– Je vois... C'est tout à ton honneur. »

Le jeune homme aux cheveux noirs sourit devant le salut un peu gauche que lui fit Estinien.

« Ça fait deux fois que je te sauve la vie, dis donc ! Tu n'auras qu'à me dédommager de l'une d'entre elles avec un verre dans la taverne de ton choix. Et au fait, je m'appelle Aymeric. Je te conseille de te souvenir du nom de tes amis, ça pourra t'être utile à l'avenir. »

Entendant cela, Estinien lui rendit son sourire.

La Furie des neiges


Un cristal aux reflets bleutés serré entre ses doigts, Ysayle se remémorait les récents événements.
Le destin avait voulu qu'elle s'allie au Guerrier de la Lumière et à un jeune homme des Héritiers de la Septième Aube, qu'elle avait combattus jusqu'alors, et plus invraisemblablement encore, à celui qui était certainement son plus farouche ennemi, le Dragon céleste. Ensemble, ils avaient voyagé à travers Dravania et surmonté de nombreuses épreuves pour finalement atteindre le domaine de Hraesvelgr, au sommet de Sohm Al. Là, ils avaient essayé de convaincre le majestueux dragon ancien de les aider à mettre un terme au conflit millénaire qui oppose leurs peuples.
Hélas, le refus de Hraesvelgr avait brisé leur mince espoir d'une solution pacifique, et c'est avec grand regret qu'Ysayle avait laissé ses compagnons partir terrasser le redoutable Nidhogg.
Toutefois, en apprenant que des hérétiques prenaient d'assaut la sainte Cité, elle avait trouvé la force de surmonter sa détresse et était partie sans hésitation pour Ishgard. Elle ne pouvait pas supporter l'idée qu'une nouvelle guerre, cette fois entre les hommes, puisse éclater, et grâce à son courage, ce danger avait été écarté.

« Tout a commencé le jour où je l'ai rencontré... »

Elle se rappela ce qui lui était arrivé il y a cinq ans. La terrible vague de froid provoquée par le Fléau avait poussé Ysayle à chercher refuge dans l'Avant-pays dravanien. C'est là que par hasard, elle avait fait la rencontre du grand dragon Hraesvelgr.
La manière dont ils s'étaient retrouvés l'un face à l'autre, elle surgissant des bois où elle s'était perdue, lui descendant du ciel en quête d'une proie, pouvait n'avoir été que pure coïncidence, mais elle y voyait un signe du destin.

« Entends... ressens... pense... »

Depuis qu'elle avait entendu l'appel d'Hydaelyn, Ysayle cherchait inévitablement à en comprendre les intentions.
La vision qu'elle avait eue du passé de Hraesvelgr grâce au pouvoir de l'Écho lui avait révélé la terrible trahison que les hommes avaient commise envers les dragons et qui avait été la cause de cette guerre interminable entre les deux peuples. Après avoir écouté les lamentations de ces créatures sans âge et partagé leur peine, elle avait choisi de suivre la voie qui allait faire d'elle une hérétique aux yeux de la sainte Cité. C'était pour elle le seul moyen de mettre un terme à ce conflit meurtrier et de ramener la paix.
Cela ne serait possible qu'en tuant l'Archevêque, le symbole même de l'hypocrisie et du mensonge des hommes, et elle était prête à se salir les mains pour atteindre cet objectif. En réunissant ceux qui, comme elle, s'étaient rangés du côté des dragons, elle s'était imposée naturellement comme leur chef grâce à son étrange pouvoir et avait pris le nom de Cœur-de-glace.

« J'étais persuadée qu'éliminer l'Archevêque et révéler la vérité aux Ishgardais permettrait de mettre fin à la guerre...
– Mais cela n'a pas marché, n'est-ce pas ? »

À cette question posée dans la langue des dragons, Ysayle répondit en acquiesçant.
Hraesvelgr fixait la jeune femme de ses deux yeux, de nouveau réunis depuis que son frère était mort.
« Avec l'aide de mes compagnons, j'ai brisé les barrières magiques qui protégeaient Ishgard et mené dans ses murs la horde des dragons fidèles à Nidhogg. Je croyais qu'ils élimineraient ce vieux fourbe... »

Ysayle et les siens avaient obtenu des informations et des armes auprès de marchands uldiens. Bien que les intentions de ces derniers lui aient paru pour le moins suspectes, elle n'avait pas cherché à en savoir plus, persuadée que c'était peu important en comparaison de ce que cette aide allait lui permettre d'accomplir.
Ainsi lorsqu'elle avait appris de ces étrangers que le capitaine général des templiers serait invité à un banquet à Ul'dah, elle y avait vu une excellente occasion de lancer une nouvelle attaque contre la sainte Cité. Et effectivement, en l'absence du protecteur d'Ishgard, détruire ses défenses magiques avait été un jeu d'enfant...
Mais trahissant les attentes d'Ysayle, les dragons n'avaient pas lancé d'assaut contre le Saint-Siège. Au lieu de ça, ils avaient relâché toute la fureur de leur vengeance sur les pauvres gens qui vivent dans les bas quartiers. Le massacre dont elle avait été le témoin à Brouillasse avait empli Ysayle d'un terrible sentiment de culpabilité.

« Tu as été bien naïve, humaine... »

Ces mots de Hraesvelgr, elle les acceptait. C'était la triste vérité.

« Oui, c'est vrai... Je me suis laissé aveugler par ma soif d'une soi-disante justice... La trahison des hommes, les sentiments de sainte Shiva et la colère des dragons n'ont été que des prétextes qui m'ont servi à commettre des actes irréparables. Je dois désormais en payer le prix... »

N'était-ce pas ce désir de rédemption qui l'avait conduite à s'allier au Guerrier de la Lumière et à ses compagnons ?
Il ne pouvait en être autrement. Au fond de son âme, Ysayle le savait bien. Et pour cette raison, elle voulait une fois de plus se joindre à leur combat. Où cela la mènerait-elle ? Elle l'ignorait. Mais elle était persuadée de trouver une nouvelle voie en leur compagnie. Contrairement à ses frères et sœurs qui, rongés par leur haine du clergé et de la noblesse ishgardais, l'avaient suivie aveuglément, le Guerrier de la Lumière, Alphinaud et Estinien étaient devenus pour elle de véritables camarades. Des camarades qui n'hésiteraient pas à la remettre dans le droit chemin si nécessaire.

« Tu comptes donc y aller, humaine ?
– Oui, je n'ai pas d'autre choix... J'ignore où ils sont, mais je désire plus que tout les rejoindre. »

Le dragon esquissa ce qui sembla être un sourire en voyant la détermination sur le visage de la jeune femme.

« Dans ce cas, monte sur mon dos. Ceux qui détiennent l'un des yeux de Nidhogg sont en route pour le continent défendu d'Azys Lla. Le chasseur de dragons, qui détient l'autre, les poursuit. Le Protégé de la Lumière est sûrement avec lui.
– Vous... Vous êtes donc capable de voir où sont les yeux de votre défunt frère !? »

Hraesvelgr émit une sorte de grognement pour seule réponse.

« Même si Nidhogg avait perdu la raison, je ne puis supporter l'idée que ses yeux soient en la possession d'humains. Veux-tu que je te conduise à l'endroit où se trouvent tes camarades ? »

Ysayle serra une fois de plus le cristal qu'elle tenait entre ses doigts, comme pour s'assurer de la sensation de froid qu'il lui donnait.
Il s'agissait d'un cristal de Lumière, le symbole de l'espoir qu'Hydaelyn avait placé en elle.

« Je vous en prie, Hraesvelgr, emportez-moi ! »

Ces mots sonnèrent aux oreilles du grand dragon comme la demande que lui avait faite une douce et jeune femme il y a plus d'un millier d'années. Ysayle ignorait toutefois que le souvenir du sacrifice d'amour était encore vif dans le cœur de Hraesvelgr.
Déployant ses ailes majestueuses, il prit alors son envol et s'éleva dans L'Écume des cieux, avec sur son dos celle qui avait cherché à redonner vie à l'idéal de sa bien-aimée.

Quelques heures plus tard, Ysayle aperçut une lueur lugubre au loin.
Lorsqu'ils ressentirent l'éther noir de colère et de souffrance qui provenait de cet endroit, Hraesvelgr et elle surent quelle en était l'origine.

« Le pouvoir de l'Œil a été libéré... »

Ysayle sentit son cœur battre plus vite.

« Vite, Hraesvelgr ! Je dois aller auprès d'eux ! »

C'est alors que des tirs de canon provenant d'un immense aéronef garlemaldais jaillirent en direction d'un plus petit appareil. Immédiatement, Ysayle devina que le Guerrier de la Lumière était à bord.

« Le temps est venu d'utiliser le don d'Hydaelyn. »
Elle referma ses doigts sur le cristal dont les reflets étaient semblables à ceux de ses yeux.

« Tant de sang a été répandu en mon nom... Et pourquoi ? Une cause créée de toutes pièces par moi-même afin d'assouvir mon désir de chaleur et de camaraderie. »

La voix d'Ysayle exprimait à la fois la repentance et l'espoir.

« Sainte Shiva, Hraesvelgr... Pardonnez-moi... »

Lorsque Hraesvelgr arriva au-dessus de l'aéronef impérial, Ysayle sauta de son dos et se laissa choir. Devant ce geste d'une résolution fatale et généreuse, le grand dragon ne put réfréner un cri de douleur.
Il y a plus de mille ans, après l'idylle tragique qui l'avait uni à Shiva, Hraesvelgr s'était juré qu'il ne tuerait plus jamais un humain. Sachant cela, Ysayle n'avait pas essayé de lui demander son aide dans le conflit qui se déroulait sous eux.

« Merci, Hraesvelgr. »

Ayant fait ses adieux au dragon ancien, elle se prépara à ce qui devait être son dernier combat.

« Ô Déesse née de mes espoirs et de mes rêves... J'en appelle à vous une dernière fois ! Baignez mon être dans votre lumière ! Apaisez la haine dans nos cœurs et apportez-nous la grâce éternelle ! »

Le cristal émit une forte lueur avant de se dissiper.
Ysayle appela alors en elle la Furie des neiges. Inspirée à la fois par l'image qu'elle avait de sainte Shiva et celle de Halone la Conquérante, déesse tutélaire des Ishgardais, elle était devenue l'incarnation de ses espoirs de paix et de justice...
Le temps était venu de transmettre ces espoirs à ses vrais camarades...

La Lame d'argent


Quand il arriva devant la stèle surplombant la sainte Cité, il remarqua qu'un bouclier y avait été déposé.

Le blason de la maison Fortemps et le trou béant en son centre ne laissaient aucune place au doute : c'était celui de son précieux ami.

« Imbécile ! Il fallait toujours que tu en fasses trop ! ... »

La tristesse et le désarroi le rongeaient à tel point que Francel broyait le bouquet de lys de Nymeia qu'il avait apporté.
Il repensa à leur première rencontre, seize ans plus tôt... Francel venait de fêter son sixième printemps. Son père lui avait demandé de l'accompagner au banquet organisé par le comte de Fortemps afin qu'il fasse connaissance avec le gratin local.

Bien qu'attiré par l'odeur alléchante des plats que les domestiques déposaient sur les tables, il ne pouvait y toucher car il eut été contraire à l'étiquette de commencer à manger avant ses hôtes – à plus forte raison lorsqu'il s'agit de nobles. Ainsi, il dut se retenir et répéter des dizaines et des dizaines de fois les formules de politesse qu'on lui avait apprises...

Une fois les formalités terminées, il demanda à son père l'autorisation de sortir prendre l'air. Le chef de la famille Haillenarte le regarda et accepta sa requête. Ni une ni deux, Francel s'empara d'un ramequin contenant un flan au caramel et sortit de la demeure à toute allure.

Il s'était installé sur les marches de la tonnelle en bois qui trônait au milieu du jardin. Au moment où il s'apprêtait à avaler son dessert préféré, il entendit une voix s'élever derrière lui :

« Yah ! Yah ! Yaaah !! »

Il se retourna et vit un jeune homme à moitié nu en train d'agiter un sabre de bois.
Intrigué, il ne put s'empêcher de l'interpeller :

« Dis... Qu'est-ce que tu fais ? »

Surpris par la présence du garçonnet, le jeune homme lui répondit tout de go :

« Je m'entraîne à l'épée, pardi ! Ça ne se voit pas !? »
À cette époque, le petit Francel croyait que tout le monde aimait le faste des réceptions ; rencontrer des invités, entendre toutes sortes d'histoires... Aussi fut-il étonné de voir qu'il existait des personnes comme lui, qui préféraient la tranquillité d'un jardin à l'agitation d'une fête.

« Mais pourquoi tu n'es pas au banquet ?
– Parce que je n'aime pas ça. Et puis... Madame de Fortemps, ma mère adoptive, ne voulait pas que j'y aille de toute façon. Mon père m'a dit que j'étais libre d'y participer, mais moi je préfère m'entraîner. Je dois m'améliorer à l'épée pour devenir un bon chevalier. »

Haurchefant était le fils illégitime du comte de Fortemps et son existence était un péché impardonnable aux yeux de l'épouse du noble. Toutefois, Francel était encore trop jeune pour réaliser la portée de ses paroles. Pour lui, ce jeune homme à la chevelure argentée n'était rien de plus qu'un « garçon qui n'aimait pas les banquets ». Voilà pourquoi il avait tout de suite éprouvé de la sympathie pour lui.

« Tu veux goûter à mon flan ? Il est drôlement bon, tu sais ! »

Haurchefant souleva un sourcil interrogateur, et un sourire se dessina sur son visage.

Cette rencontre imprévue marqua le début de leur longue amitié.
Certains diront qu'elle était improbable, tant il est vrai que tout les opposait. Hormis le fait d'être des enfants d'aristocrates, ils n'avaient rien en commun : l'un était un bâtard qui n'avait jamais connu d'affection de sa mère, l'autre était le quatrième fils d'un père plein d'amour paternel ; l'un était un bagarreur féru d'escrime, l'autre était un rat de bibliothèque, calme et discret...

Francel admirait la force d'Haurchefant, tandis que ce dernier était séduit par le calme de son camarade. Alors qu'elle se montrait tendre avec ses autres enfants, l'épouse du comte de Fortemps était très dure avec lui, et le fils Haillenarte était l'une des rares personnes avec laquelle il pouvait être lui-même.

Leur amitié prit un tournant décisif cinq ans après leur rencontre.

Francel venait tout juste d'avoir onze ans et il avait dû suivre son père dans les Basses terres du Coerthas oriental pour participer à un rituel important chez les aristocrates, la chasse ; une fête traditionnelle qui permet non seulement de resserrer les liens entre les individus, mais aussi d'améliorer ses talents de cavalier et de mettre en application des tactiques militaires.

« Tu vois le faucon, là-haut ? Ta cible se trouve juste en dessous. »

Le comte lui prodiguait des conseils pour le rassurer et le mettre en confiance.
Francel, quant à lui, était prêt à tout pour ne pas le décevoir.

« Je vais l'abattre, Père ! »

Francel n'était pas doué pour le combat, mais grâce à Haurchefant, il avait beaucoup progressé en équitation. Il serra les rênes de son chocobo et lui donna un coup de talon dans les flancs. Le volatile se mit à courir à toute allure en direction du bosquet à côté du lac. Francel étant beaucoup plus léger que les subordonnés de son père, il ne lui fallut pas longtemps pour les distancer.

Alors qu'il approchait du bosquet, il vit un groupe d'oiseaux sauvages s'envoler.

« Il y a quelque chose, là-bas ! »

Son sens aigu de l'observation ne l'avait pas trompé : il y avait bien quelque chose à cet endroit. Cependant, il était loin de se douter que ce n'était pas une bête qui se cachait au milieu des arbres, mais un groupe de ravisseurs venu spécialement pour kidnapper « un gosse de riche ».

En un instant, il se retrouva encerclé par trois grands gaillards, dont l'un lui assena un coup de massue sur le crâne. Il chuta de sa monture et perdit connaissance.

Lorsqu'il se réveilla, il était ligoté et bâillonné. Il se trouvait quelque part dans ce qui semblait être une cabane de chasseur ou de bûcheron.

« Alors ? Bien dormi, Princesse ? ... Je te conseille de te tenir à carreau si tu veux pas qu'il t'arrive des bricoles. Compris ? »

Francel était terrifié par les menaces du bandit. Il savait que les chevaliers de son père viendraient à son secours, mais la peur le paralysait. Soudain un grand vacarme se fit entendre et la porte s'ouvrit d'un coup sec.

« C'est quoi c'raffut !? »

Le brigand qui avait menacé Francel se retourna et vit un jeune homme à la chevelure argentée... À ses pieds gisait le corps inerte du voyou qui gardait l'entrée. Le sang coulait abondamment de son ventre.

« Tu vas m'le payer ! »

Furieux, l'homme se jeta sur Haurchefant, mais celui-ci l'esquiva facilement puis lui taillada le bras à l'aide de sa dague. Le bandit hurla telle une bête enragée, et laissa tomber sa massue.

Francel l'ignorait, mais Haurchefant s'était porté volontaire pour accompagner le comte de Fortemps à la partie de chasse. Il avait vu son ami s'aventurer seul dans les bois et s'était lancé immédiatement à sa poursuite.

« C'est fini. Tu es en sécurité, maintenant. »

À peine eut-il retiré le bâillon que Francel s'écria :

« Ils sont trois ! »

Hélas, il était déjà trop tard. L'homme était entré dans la hutte par une porte dérobée et il bandait son arc en direction de Francel.

« Tant pis pour la rançon ! Au moins, mes frères seront vengés ! »

Il décocha sa flèche et Francel poussa un cri.

« Aaah !!! »

Il ferma les yeux et pria pour qu'un miracle se produise.
Ces quelques dixièmes de seconde lui parurent une éternité.

« Cette fois, tu es vraiment en sécurité. »

Francel ne comprenait pas pourquoi la flèche ne l'avait pas atteint.
Lorsqu'il rouvrit les yeux, il constata qu'elle était plantée dans l'avant-bras gauche de son ami.

« Si j'avais su, j'aurais pris un bouclier avec moi... »

Francel restait bouche bée, partagé entre la stupéfaction et l'admiration. Il n'arrivait pas à croire qu'Haurchefant avait utilisé son corps comme bouclier pour le protéger et qu'il avait réussi à mettre le chef des bandits hors d'état de nuire avec un simple couteau.

Une poignée de minutes plus tard, les chevaliers de la maison Haillenarte finirent par arriver et Haurchefant leur raconta en détail ce qui s'était passé. Après avoir soigné ses blessures et l'avoir chaleureusement remercié, ils conduisirent leur jeune maître en lieu sûr.

Le bandit blessé au bras avait réussi à prendre la fuite et l'histoire qu'il raconta à ses complices différait quelque peu de la réalité. Selon lui, ses comparses avaient été attaqués par un « chevalier aux cheveux d'argent armé d'une épée de quatre fulms de long ». Fait amusant, c'est cette version des faits qui s'est répandue dans la sainte Cité.

Quelques jours après cet incident, Haurchefant se vit conférer le titre de chevalier... ainsi que le surnom « Lame d'argent ».

Après la cérémonie, Francel le félicita et le remercia une nouvelle fois de lui avoir sauvé la vie. Heureux que son rêve se soit enfin réalisé, Haurchefant lui adressa un grand sourire et lui répondit cette phrase qui allait devenir sa devise :

« Un bon chevalier se doit de protéger ses amis et ses frères d'armes, coûte que coûte. »

Le second serment


Ce n'est que trois jours après son réveil que la Sultane apprit ce qui s'était exactement passé. Papashan, son ancien garde du corps personnel aujourd'hui à la retraite mais toujours prêt à lui rendre service, s'était chargé de lui relater la façon dont s'étaient déroulés les événements, sans omettre le moindre détail. De l'amputation du bras de Raubahn à la mésaventure des Héritiers de la Septième Aube, ce fut pour elle une succession de nouvelles bouleversantes. Mais la stupéfaction fit bientôt place à la colère, et la Sultane n'avait désormais plus qu'une idée en tête : faire payer ses actes à Lolorito. Papashan, lui, ne partageait visiblement pas cet empressement.

« Ne devriez-vous pas écouter le point de vue de Lolorito, avant toute chose ? Il n'est jamais bon de prendre une décision hâtive sous le coup de l'emportement. »

Quelques jours plus tard, une réunion exceptionnelle se tenait dans la chambre de l'encens.
Y avaient été convoqués Lolorito Nanarito, suspect principal de l'affaire, Raubahn Aldynn, général des Immortels et Dulala Dula, grande prieure de l'ordre de Nald'thal, tous membres du Cartel des Scorpions et appartenant respectivement aux factions monétariste et sultaniste ainsi qu'à un courant de pensée plus neutre.

« Dois-je considérer cette entrevue comme une chance de me défendre ? »

Conscient de la fragilité de sa position, Lolorito n'avait pas pour autant l'intention de se laisser démonter.

« ... Si vous avez un message à faire passer, c'est le moment. »

Nanamo, elle, s'efforçait avant tout de paraître sereine devant ses interlocuteurs.

Contre toute attente, c'est le moment que choisit l'influent homme d'affaires pour ôter son masque. Lolorito ne dévoilait que rarement son véritable visage, même à ses plus proches conseillers. Malgré tout, il semblait vouloir se montrer sous son vrai jour.
« Avec tout le respect que je vous dois, Votre Altesse, je pense que vous ne mesurez pas la gravité du danger qui menace notre cité. »

Alors qu'il avait lui-même employé le mot « défense » un peu plus tôt, c'est avec une attaque que Lolorito entama son discours. Mais son audace n'était visiblement pas du goût de Raubahn, qui fronça les sourcils en prenant un air menaçant. Sentant la tension monter, Nanamo tenta de calmer les esprits en assurant qu'elle ne tirerait aucune conclusion avant d'avoir entendu la totalité du propos de l'accusé. Elle ne voulait plus commettre d'erreur en prenant une décision précipitée.
Lolorito commença alors à expliquer sa version des faits. Avec le couronnement de Varis zos Galvus, l'empire de Garlemald n'allait plus tarder à reprendre sa marche sur Éorzéa, et un changement de régime dans de telles circonstances aurait représenté un risque immense pour l'avenir d'Ul'dah.
C'était d'ailleurs un avis partagé par Teledji Adeledji, qui avait orchestré l'assassinat de la Sultane afin de l'empêcher de mettre son plan à exécution. Ayant eu vent de ce complot, Lolorito décida de tourner la situation à son avantage en faisant croire à la mort de Nanamo pour interrompre la réforme, tout en se débarrassant du comploteur gênant.
Jusque-là, le cours des événements correspondait à ce que la Sultane avait entendu de la bouche de Papashan.

« En décidant de mettre un terme au sultanat sans consulter l'avis du Cartel des Scorpions, vous ne m'avez pas laissé le choix. Votre Altesse aurait au moins pu chercher à connaître l'opinion de son fidèle Raubahn... »

Les mots de Lolorito transpercèrent la poitrine de Nanamo tel un poignard. Si elle n'avait pas fait part de son plan au général, c'était justement car elle craignait qu'il tente de la faire changer d'avis. La situation des réfugiés ne cessant de s'aggraver, elle souhaitait plus que tout la mise en place d'un régime permettant au peuple de faire entendre sa voix. Et Raubahn, éternel champion du Colisée et jouissant d'une popularité immuable auprès des Uldiens, paraissait être un candidat naturel pour le nouveau gouvernement qui serait mis en place. Bien sûr, rien n'empêcherait Lolorito et les autres nantis de la cité d'acheter les voix des petites gens pour servir leur propre intérêt, mais la Sultane voyait aussi cela comme un moyen de redistribuer les richesses.
Mais les choses ne s'étaient pas passées comme elle l'avait imaginé... Dans la série d'événements qu'elle avait provoquée malgré elle, Raubahn avait perdu un bras et les Héritiers de la Septième Aube s'étaient retrouvés dans une situation critique. Si seulement elle avait pu revenir en arrière...

« Mon plan était presque parfait. Seulement, je n'avais pas prévu que les Héritiers poursuivraient leur combat jusqu'à l'intérieur du palais... C'est à ce moment-là que j'ai perdu le contrôle de la situation. »

Lolorito poursuivait son récit d'une voix calme et impassible.
D'après lui, c'était Teledji Adeledji qui avait eu l'idée de faire porter le chapeau de l'assassinat de la Sultane au Guerrier de la Lumière, certainement pour se venger de l'échec de son Projet Frontière. Lolorito n'éprouvait aucune rancune particulière envers les Héritiers de la Septième Aube, mais il ne pouvait pas se permettre de laisser Teledji Adeledji découvrir qu'Ilberd n'était qu'un pion dans son jeu. C'est pourquoi il n'eut d'autre choix que d'écarter les Héritiers, en se disant qu'ils finiraient par être innocentés une fois toute la lumière faite sur cette affaire.
En écoutant ainsi Lolorito décrire froidement comment il s'était servi de ces héros qui avaient tant fait pour la nation, Nanamo sentit grandir en elle un sentiment de dégoût mêlé de colère, mais elle parvint à garder son calme.

« Et puis, il y a eu le comportement inattendu d'Ilberd... Vous n'êtes pas sans savoir que lui et moi avons eu un désaccord à propos du sort à réserver à Raubahn, n'est-ce pas ? »

Effectivement, la Sultane en était consciente, et c'était même un des points à propos desquels elle attendait des éclaircissements. Pourquoi Ilberd s'était-il obstiné à éliminer Raubahn, faisant fi des ordres de son employeur ?
Lolorito savait déjà comment répondre à cette question.

Comme prévu lors de l'accord initial entre les deux hommes, Lolorito devait financer et armer les réfugiés mhigois par le biais d'Ilberd. Une fois la résistance organisée, ces hommes auraient été envoyés à Ala Mhigo pour freiner la progression de l'armée impériale. Cela aurait d'une part permis de gagner du temps, et d'autre part vidé les environs d'Ul'dah de ces immigrés non désirés. D'une pierre deux coups, en somme.
Seulement, la présence de Raubahn constituait un obstacle à la réalisation de ce plan. Pour les Mhigois, cet homme qui avait réussi à se hisser au sommet en intégrant le Cartel des Scorpions représentait le symbole d'une vie meilleure à Ul'dah, et il y a bien longtemps qu'ils avaient abandonné tout espoir de regagner un jour leur cité tombée sous le joug de Garlemald.

« La mort de Raubahn était un mal nécessaire pour ouvrir les yeux des réfugiés mhigois, mais sans lui, Votre Altesse n'aurait pu retrouver le trône qui était le sien. C'est sur ce point précis que portait notre désaccord. »

Sur ces mots, Nanamo tenta d'imaginer ce qui serait arrivé si Raubahn avait été assassiné. Que serait-elle devenue ? Il lui aurait sans doute été difficile de ne pas perdre la raison. Désespérée, elle aurait peut-être même tenté d'abdiquer une nouvelle fois... Sur ce point, Lolorito avait vu juste.
L'homme d'affaires tendit alors un parchemin à la Sultane.

« Veuillez accepter ceci, Votre Altesse. »

Il y était écrit que Lolorito léguait au palais royal la totalité de la fortune de Teledji Adeledji, dont il était désormais le régisseur, ainsi que la moitié de ses propres richesses.

« Lolorito... Tu n'espères quand même pas mettre un terme à cette histoire avec de l'argent !? »

Raubahn, qui avait fini par perdre patience, s'était levé de son siège dans un accès de colère. Nanamo lui fit signe de se rasseoir.

« Pour un marchand comme moi, il n'existe pas de moyen plus honnête de régler une dette. Ces fonds pourront servir à financer les Héritiers de la Septième Aube, à nourrir et loger les réfugiés mhigois... Votre Altesse pourra en faire usage comme bon lui semble. »

Lolorito remit alors son masque et se leva, avant de s'incliner et de quitter la chambre de l'encens.
L'audience terminée, la Sultane regagna elle aussi ses quartiers pour s'isoler et réfléchir à ce qu'elle avait entendu.
Il était évident qu'elle ne pouvait pas fermer les yeux sur le comportement de Lolorito et les méthodes qu'il avait employées. Mais d'un autre côté, elle était maintenant forcée de reconnaître que le plan de réforme qu'elle avait elle-même planifié n'était pas sans faille...
Sa décision irréfléchie avait entraîné un grand désordre à Ul'dah, et certaines personnes l'avaient payé de leur vie. La situation désormais sous contrôle, le moment était venu de réparer ses erreurs. Lolorito, lui, avait fait amende honorable en léguant la moitié de sa fortune à la cité. En tant que Sultane, quel geste symbolique pouvait-elle accomplir pour se racheter et regagner la confiance de ses sujets ?

« Faites venir le Général ! »

La nouvelle dame d'honneur revint bientôt accompagnée de Raubahn, à qui Nanamo remit immédiatement le parchemin de Lolorito. En découvrant le sceau royal qui venait d'y être apposé, le taureau d'Ala Mhigo fronça ses épais sourcils, mais la Sultane ne lui laissa pas le temps de protester.
« Nous détestons Lolorito !
- Et moi donc...
- Mais nous nous haïssons encore plus ! Comment avons-nous pu agir sans consulter la personne à qui nous faisons le plus confiance, ni écouter la mise en garde du Cartel ? Par notre faute, nous avons causé un tort immense à ceux qui ont risqué leur vie pour nous ! »


Raubahn ne sut que dire et resta prostré, en silence.

« Lolorito est peut-être un homme avide, cruel et sans cœur, mais il a fait tout ce qui était en son pouvoir pour protéger Ul'dah. »

Nanamo avait beau être troublée par ses émotions, sa décision était prise.

« Réunissons notre gouvernement dans les plus brefs délais pour définir un moyen de réintégrer Ishgard à l'Alliance éorzéenne ! Nous devons impérativement unir nos forces afin de repousser l'invasion impériale ! »

Elle reprit son souffle avant de continuer.

« Tu peux être rassuré, Raubahn. La nouvelle Sultane saura se montrer forte et utiliser les individus comme Lolorito à son avantage ! »

C'était le second serment de Nanamo.
Contrairement aux mots prononcés à l'âge de cinq ans lors de la cérémonie de son couronnement sans même en comprendre le sens, cette promesse était empreinte de toute la détermination qui la caractérisait.

« Pour Ul'dah ! »

Cela ne faisait plus de doute pour Raubahn désormais, la Sultane était bel et bien de retour. Les deux partenaires de toujours avaient retrouvé le sourire, et le soleil pouvait de nouveau briller sur la cité du désert.